Paroles de chasseresse - Charlène LE SERGENT

28 ans, maman de 2 petites filles, infirmière et chasseresse passionnée, Charlène a accepté de se prêter au jeu de l’interview pour Artémis 53, association au sein de laquelle elle tient le rôle de trésorière depuis 3 ans.  

Charlène, comment t’es venue la passion de la chasse ?  

Cette passion m’a été transmise par mon père depuis toute petite et ce n’était pas gagné car j’avais très peur des animaux. Puis je suis allée une fois avec lui, puis deux, puis toujours, et je n’ai plus jamais cessé de chasser. Au début, mon père avait du mal à m’emmener car il avait peur que je me fasse embêter par les hommes en tant que femme, il craignait que je ne trouve pas ma place dans ce milieu, mais finalement cela s’est très bien passé.  La première fois que je suis allée à la chasse je devais avoir 5-6 ans, puis à partir de mes 10-12 ans c’est devenu une vraie passion. Il chasse le petit gibier en Septembre avec les faisans puis le grand gibier (sanglier, chevreuil, et renard en fin de saison), il pratique la vénerie sous terre avec son équipage, au blaireau, suit des laisser courre au lièvre, donc ça ne s’arrêtait jamais, nous chassions toute l’année. J’avais même, à l’époque, la patience de faire des après-midi au pigeon sous la pluie, patience que je n’ai plus depuis !   

Quel(s) mode(s) de chasse pratiques-tu aujourd’hui ?  

Aujourd’hui je ne chasse plus que le grand gibier avec notre équipage à tir, le « Piqu’au ferme », principalement constitué de beagles harrier et d’anglos tricolores, ainsi que la vénerie sous terre, toujours au blaireau, avec nos foxs.  J’aime découvrir de nouveaux modes de chasse et cela me manque un peu de suivre des équipages de grande vénerie, mais c’est à cause du manque de temps.  J’avais aussi passé la JFO pour apprendre et découvrir mais au final je n’ai jamais pu trop chasser à l’arc.  

Où chassez-vous principalement avec vos équipages ?   

Nous chassons en Mayenne, ainsi que dans l’Orne, la Manche, le Calvados, l’Ille-et-Vilaine et l’Eure, principalement en forêt et surtout sur invitation. Nous avons également une chasse en forêt de Monnaie, en Mayenne, en continuité de la forêt des Andaines.   

La chasse a et a eu une grande place dans ta vie ?   

Oui en effet. La chasse a créé un lien très fort avec mon père, puis, j’ai connu Jordan (mon conjoint) grâce à la fête de la chasse du Pertre, en Mayenne. J’avais fait des photos que j’avais publié sur Facebook, et j’ai reçu évidemment plein de demandes d’amis. J’ai fait du tri mais Jordan en faisait partie et m’a proposé une place pour Carouges, j’ai accepté, nous sommes devenus amis, puis avons fondé une famille.   

Cela fait-il longtemps que tu as ton permis de chasse ?   

J’ai passé mon permis de chasse en 2013, car au début je ne prenais pas d’arme. Puis en m’investissant de plus en plus aux chiens, j’ai décidé de le passer pour pouvoir porter le fouet et la trompe sur le bord des routes.   

Quelle est ta vision globale de la chasse ?  

Je pense que la chasse doit évoluer pour donner une meilleure image car c’est la minorité qui ne montre pas l’exemple qui est mise en avant, ce qui nous fait passer pour des méchants. Pour moi la chasse est essentielle, mais elle doit être bien encadrée, il y a trop de dérives et malheureusement dans les journaux le Lundi ce sont les dérives qui font les gros titres. Les réseaux sociaux nous font beaucoup de mal, et ne voient que le négatif. Si un cerf est gracié, personne ne le remarquera ou en parlera, mais si des chiens arrivent en centre-ville, cela fera un scandale ! On est plus considéré comme « normal » quand on chasse, on passe pour des personnes dérangées psychologiquement alors que pas du tout ! Les anciennes générations le savent bien, mes petits anciens au travail par exemple trouvent cela normal de chasser, ils ont toujours connu des chasseurs ou chassaient eux-mêmes !   

Pour toi la chasse est visiblement une histoire de tradition familiale et une passion commune avec ton conjoint. Penses-tu que vos filles prendront la relève plus tard?  

On aimerait bien mais on ne les forcera pas. Nous sommes tous les deux la 4ème génération de chasseurs, si la 5ème pouvait suivre ce serait top ! Pour l’instant elles nous suivent, à 6h au chenil, retour à 21h le soir, mais quand elles seront en âge de choisir, si elles ne veulent pas on ne les forcera pas ! Cela doit rester un loisir et un plaisir. Pour l’instant elles se prêtent au jeu de bon cœur, le lien avec les chiens est hyper important pour elles, elles nous imitent, au déterrage elles ont leur pelle et leur seau, …   

Que dirais-tu aux futures générations qui risquent de se voir interdire cette passion sous la pression des anti-chasses ?   

Il ne faut passer céder à la pression des anti-chasses et qui ne maitrisent pas le sujet et qu’on ne voit jamais sur le terrain ! Il ne faut pas tomber dans le piège des personnes qui ne connaissent pas, et il faut qu’ils fassent l’effort de se faire leur propre avis. Il faut se battre pour nos traditions, inviter les gens à venir découvrir la vraie chasse, bien loin du sketch des inconnus que trop de personnes prennent au sérieux ! On constate que les personnes qui ne connaissent pas et viennent avec plaisir, sans à priori, aiment bien la chasse finalement et reconnaissent qu’elles ont passé une bonne journée avec nous !  La jeune génération ne doit pas se décourager, les anti-chasses ne sont pas qu’anti-chasses, ils sont surtout anti-tout, anti-traditions, qui se disent protecteurs de la nature mais qui la méconnaissent totalement. Ce sont des gens révoltés H24 contre tout et rien.  Après pour que la chasse perdure, il faut être tous intelligents, randonneurs, cyclistes, agriculteurs, et faire bloc pour préserver nos passions.   

Toi qui es infirmière, tu passes la majeure partie de tes journées à soigner des gens, comprends-tu l’image sanguinaire qui colle à la peau des chasseurs ?   

Évidemment non, au contraire, c’est un sujet de conversation classique pour les anciens avec lesquels je travaille, ça créé du lien, c’est un sujet normal de la ruralité ! Par exemple au printemps je vais emmener deux de mes chiens à l’EPHAD pour une journée de médiation animale, pour apaiser notamment des personnes souffrants de démence, avec ma petite Ondine, et mon gros Ouragan. Nous faisons ces journées tous les mois. Nos résidents sont déjà venus visiter le chenil aussi, ils avaient pique-niqué chez nous et en garde un super souvenir. C’est gratifiant de pouvoir apporter de la gaieté à nos ainés tout en leur partageant ma passion !   

Que t’apporte l’association Artémis 53 et que penses-tu qu’elle puisse apporter au monde cynégétique mayennais ? Quelle est ta vision de l’association ?    

Je pense qu’elle ne peut apporter que des bonnes choses en créant du lien, enrichissante en échangeant sur nos modes de chasse, en partageant des journées de chasse, en créant du contact avec les autres régions et départements, cela féminise et les chasseurs hommes nous accueillent plutôt bien, ils sont bienveillants envers nous !   

Que dirais-tu à une personne qui hésite à entrer dans l’association pour qu’elle ose sauter le pas ?  

Il ne faut pas hésiter, au contraire, on accepte et accueille toute personne, homme ou femme de bonne volonté qui souhaite s’investir ! Il est toujours possible de venir nous rencontrer, découvrir, et se faire son propre avis. On regroupe des tempéraments différents, des expériences différentes, toute nouvelle idée et avis est bon à prendre, et c’est ça la diversité et la force d’Artémis 53.   

Si tu avais à résumer personnellement ton rapport à la chasse et à la nature en une phrase, que serait-elle ?  

« Il vaut mieux une mauvaise journée de chasse, qu’une bonne journée de boulot ! »  

Si tu avais une conclusion que tu veux partager ce serait ?  

La chasse est ma bouffée d’oxygène, j’ai hâte d’être le Vendredi soir pour préparer les affaires et partir le Samedi matin. C’est notre mode de vie, au-delà de notre passion, tous nos proches le savent, d’Août à fin Février, notre vie tourne autour de la chasse !   

Merci du temps que tu m’as accordée et d’avoir acceptée de répondre aux questions d’Artémis 53.  

Interview de Mlle LE SERGENT Charlène réalisée par Marine DEKETELAERE pour Artémis 53 le 04/03/2023  de texte

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